Les Elders sont consternés par le niveau de souffrances humaines au Soudan et en République démocratique du Congo (RDC). Les dirigeants concernés doivent agir maintenant pour garantir la protection des civils – y compris les travailleurs humanitaires – et pour accélérer les négociations de paix, sur les principes de justice et de respect des droits humains. 

Au Soudan, les preuves accablantes d’atrocités au cours des dernières semaines, liées à l’assaut contre la ville d’El-Fasher par les Forces de soutien rapide (FSR), doivent contraindre toutes les parties au conflit et ceux qui les soutiennent à changer de cap. La famine a été déclarée et 21 millions de personnes à travers le pays sont confrontées à des niveaux élevés d'insécurité alimentaire aiguë. 

Les acteurs extérieurs qui ont aggravé le conflit doivent immédiatement cesser toute violation de l’embargo sur les armes imposé par l’ONU et se conformer pleinement à leurs obligations internationales. 

Les principaux belligérants doivent être poussés à accepter la trêve humanitaire de trois mois proposée par le groupe « Quadrilatéral » composé des États-Unis d’Amérique, des Émirats arabes unis, de l’Égypte et de l’Arabie saoudite. Nous exhortons également les parties à engager des pourparlers avec l’ONU sur la désescalade et la protection des civils. 

Le niveau actuel de souffrance et de violations des droits au Soudan est horrifique. Le Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a signalé des viols collectifs de femmes à El-Fasher par des forces des FSR. La Cour pénale internationale doit recevoir le soutien nécessaire pour enquêter sur les atrocités commises par toutes les parties et traduire les responsables en justice. 

La résolution 1820 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée il y a 17 ans, visait à établir une politique de tolérance zéro envers les violences sexuelles liées aux conflits. Pourtant, ces crimes abominables restent à la fois répandus et impunis au Soudan, en RDC et dans d'autres zones de conflit. 

Les Elders sont profondément préoccupés par l’aggravation du coût humain du conflit dans l’est de la RDC. Un quart de la population est en situation d’insécurité alimentaire, et près de 6 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays en raison du conflit. Les violences sexuelles liées au conflit ont explosé : une femme est victime de violences sexuelles toutes les 4 minutes, et un enfant toutes les 30 minutes. 

Le Rwanda doit se conformer à la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies, notamment ses dispositions appelant à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, au retrait sans conditions des Forces de défense rwandaises du territoire de la RDC, et au démantèlement des administrations parallèles illégitimes mises en place par le M23. Le gouvernement de la RDC, à Kinshasa, doit également remplir ses obligations en matière de protection des civils. Il est grand temps de tenir les auteurs responsables afin de mettre fin au cycle infernal de violence et d’impunité. 

Nous saluons les efforts de paix des États-Unis, du Qatar et de l’Union africaine. Les négociations de paix doivent être fondées avant tout sur le respect de la souveraineté nationale, des droits humains et de la justice, et non sur des intérêts commerciaux. 

Le monde a trop longtemps fermé les yeux sur les conséquences humanitaires de ces deux conflits. La réponse que donnera aujourd’hui la communauté internationale sera un test de notre humanité partagée. 

ENDS

Juan Manuel Santos, former President of Colombia, Nobel Peace Laureate and Chair of The Elders 

Graça Machel, Founder of the Graça Machel Trust, Co-founder and Deputy Chair of The Elders  

Gro Harlem Brundtland, former Prime Minister of Norway and former Director-General of the WHO 

Helen Clark, former Prime Minister of New Zealand and former head of the UN Development Programme 

Elbegdorj Tsakhia, former President and Prime Minister of Mongolia 

Zeid Ra'ad Al Hussein, former UN High Commissioner for Human Rights 

Hina Jilani, Advocate of the Supreme Court of Pakistan and co-chair of the Taskforce on Justice 

Ellen Johnson Sirleaf, former President of Liberia and Nobel Peace Laureate 

Denis Mukwege, physician and human rights advocate, Nobel Peace Laureate 

Mary Robinson, former President of Ireland and former UN High Commissioner for Human Rights 

Ernesto Zedillo, former President of Mexico 

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