Les leaders doivent agir avec urgence et détermination face à des crises multiples et interdépendantes
Cher⸱e⸱s ami⸱e⸱s,
Je rentre tout juste de ma première réunion du conseil d’administration avec mes collègues de The Elders depuis que j’ai rejoint le groupe en mars dernier. Nous nous sommes réunis à São Paulo, au Brésil, et je suis reparti en étant inspiré par nos discussions qui se sont principalement axées sur les menaces existentielles auxquelles l’humanité et notre planète sont confrontées.
Le Brésil a un rôle essentiel à jouer dans notre monde dangereusement divisé. En tant que président en exercice du G20 et hôte de la conférence sur le climat COP30 l’année prochaine, le pays est particulièrement bien placé pour encourager une action et une ambition accrues sur la crise du climat et de la nature. Il peut par ailleurs jouer un rôle important dans la réforme du système multilatéral afin de le rendre plus efficace et plus représentatif.
Les membres de The Elders ont eu la possibilité de discuter de ces questions directement avec le ministre brésilien des Finances, Fernando Haddad, le dernier jour de la réunion de notre conseil d’administration à São Paulo. Nous avons également rencontré la ministre brésilienne de l’Égalité raciale, Anielle Franco, qui a évoqué avec force le fléau du racisme et de la discrimination dans son pays.
La ministre Anielle Franco a également participé à un événement public sur la crise du climat et de la nature que The Elders a organisé avec des groupes de la société civile. Ellen Johnson Sirleaf, Mary Robinson, Gro Brundtland et Juan Manuel Santos ont tous partagé leurs expériences en matière de leadership lors de tables rondes, aux côtés d’Alice de Moraes Amorim Vogas, de l’Institut brésilien pour le climat et la société, du jeune militant indigène Paulo Galvao et de Feliciano de Sá Guimaraes, directeur académique au Centre brésilien des relations internationales (CEBRI).
L’événement a été organisé avec nos partenaires du Future of Life Institute et a représenté une nouvelle opportunité de signer notre lettre ouverte conjointe sur les menaces existentielles et le leadership à long terme qui a été lancée au début de l’année.
L’incapacité des leaders d’aujourd’hui à agir avec une urgence et une détermination suffisantes face à des crises multiples et interdépendantes a été le fil conducteur de toutes nos discussions.
Le mépris croissant envers le droit international dont font preuve les acteurs des conflits à Gaza et en Ukraine, pour n’en citer que deux, est la preuve que l’ordre international dans son ensemble est au bord de l’effondrement.
Dans une déclaration publiée à l’issue de notre réunion, nous avons averti que les principes de la Charte des Nations Unies sont sur le point d’être supplantés par un nationalisme agressif et une rivalité entre grandes puissances. Cela n’est dans l’intérêt à long terme d’aucun État.
L’effritement de l’ordre international se manifeste par la prolifération de conflits qui touchent deux milliards de personnes dans des pays tels que le Myanmar, le Soudan, Haïti et mon propre pays, la République démocratique du Congo.
Mais en dépit de ces nombreuses questions complexes et troublantes, j’ai quitté ma première réunion au sein de The Elders avec un sentiment d’espoir. J’ai été inspiré par l’engagement de ce groupe à continuer à travailler en faveur de la paix, de la justice, des droits humains et d’une planète durable. J’ai été profondément impressionné par la détermination des militants, des jeunes, des défenseurs des droits humains et des avocats que nous avons rencontrés et qui travaillent tous en faveur des mêmes objectifs dans des circonstances difficiles.
Nous vous remercions pour votre soutien indéfectible,
Denis Mukwege